Nous avons vu que l'utilisation de l'aqueduc romain n'avait probablement pas dépassé quatre siècles. Ensuite, les Nîmois, regroupés autour des arènes, ont du retourner à leurs sources, à leurs puits et à leurs citernes pour avoir de l'eau.
Mais avec l'industrialisation au XVIIIe siècle, Nîmes, devenue une des capitales du textile, se remit à prospérer et l'on chercha un complément aux sources d'eau habituelles.
Une série de projets ambitieux ou farfelus traversa certains esprits entreprenants durant plus d'un siècle. Certains voulaient remettre en état l'aqueduc romain, d'autres se proposaient carrément de détourner le cours de l'Alzon au " Pont des Charettes", puis de passer le Gardon sur un pont aqueduc au niveau de Collias pour, enfin, se diriger droit sur Nîmes. Certains encore pensaient ramener à Nîmes l'eau du Gardon, pompée à Poulx grâce à une série de moulins dont quelques-uns d'entre eux sont visibles à côté de St Gervasy.
C'est en cherchant le tracé de l'ancien aqueduc pour le réutiliser que l'ingénieur Dombre mit à jour le Castellum en 1844.
Le seul projet qui a été en partie réalisé est celui du canal de Pouzin. En 1852, le marquis de Preigne proposa l'étude d'un canal de dérivation du Rhône au Pouzin, dans l'Ardèche et d'amener les eaux jusqu'à Nîmes, pour un coût de 24 millions. Le 26 mai 1863, une fête grandiose fut organisée au Pont du Gard pour commémorer la pose de la première pierre du canal.
C'est d'ailleurs là qu'eurent lieu les premiers travaux avec le percement, par une équipe de vingt employés, du tunnel que l'on voit à la sortie du Pont du Gard, au troisième étage.
Bien que plusieurs kilomètres de constructions aient été édifiés, le projet fut abandonné en 1868 au profit de celui présenté par Aristide Dumont qui, délaissant totalement l'aqueduc romain, prévoyait de pomper les eaux du Rhône dans la nappe de Comps, près de Beaucaire et de les amener à Nîmes par des tuyaux métalliques. Ce qui fut fait en 1872.
Du canal de Pouzin, il reste le tunnel en face de l'aqueduc au Pont du Gard ainsi que plusieurs tronçons visibles entre Nîmes et Marguerittes où il suit une voie parallèle à celle de l'aqueduc romain.
Il s'agit d'un tunnel en pierre, avec une voûte en lauzes de trois mètres de largeur intérieure sur 2,50 m de haut environ. On le suit sur quelques centaines de mètres, à côté de l'aqueduc, à l'entrée de Nîmes, au nord de l'aérodrome de Courbessac.
On peut également le visiter à l'ouest de Marguerittes, de l'autre côté de l'autoroute, un tronçon qui a été aménagé en habitation avec portes, fenêtres, cuisine, etc..
Le fait qu'il ait fallu attendre 1872, époque où Nîmes avait environ 50 000 habitants, pour doter la ville d'une nouvelle adduction d'eau prouve définitivement que ce n'est pas l'augmentation de la population de Nîmes, au début de notre ère (entre 15 000 et 20 000 habitants) qui imposa la construction de ce fleuron de l'antiquité.