Les panneaux sculptés et les séries de reliefs sont issus de textes indiens de différentes époques, de textes indonésiens qui sont des reprises de textes indiens avec éventuellement une adaptation locale, et enfin des textes typiquement javanais, voire des histoires racontées, et pour certaines tirées du wayang, le théâtre d'ombre. On trouvera ici les principaux textes:
Le Ramayana : C'est évidemment l'une des deux grandes épopées indiennes, reprise toujours et partout, notamment sur la grande scène proche du Candi Prambanan, durant la saison touristique. Elle conte les mésaventures de la princesse Sita, enlevée par le démon Ravana, puis conduite sur l'île de Lanka. Son époux Rama, aidé de l'armée des singes conduite par Hanuman ira la délivrer, mais elle devra subir l'épreuve du feu pour prouver sa pureté.
Une partie du texte illustre la balustrade du temple de Shiva et la moitié de celui de brahma à Prambanan: Suite à une rixe, Rama est exilé dans la forêt avec son frère Laksmana, et Sita dont il a gagné la main. Mais Ravana enlève Sita et la conduit à Lanka. Hanuman sur l'île de Lanka où il a rencontré Sita, se bat contre les démons de Ravana. Blessé, il est fait prisonnier, mais se libère et s'évade en mettant le feu au palais de ce dernier. Il vient rendre compte auprès de Rama et de son frère Laksmana de la situation. Ils repartent tous vers Lanka et construisent un grand pont pour le passage des armées. La guerre s'engage au cour de laquelle Kumbhakarna, le frère de Ravana est tué, et enfin Sita est délivrée.
Le Krisnayana : Le roi Kalayavana devenu immortel, a l'intention d'attaquer Krisna avec son armée de démons. Krisna se réfugie chez un sage qui déclenchera un incendie qui tuera le roi et son armée. Plus tard, Krisna enlève Rukmini qui était promise à quelqu'un d'autre. Les deux prétendants vont s'affronter pour la main de la belle.
Cette histoire illustre les panneaux du haut du Candi Jago et ceux de la deuxième terrasse du sanctuaire principal du Candi Panataran.
L'Amritamantana : Ce texte raconte comment les dieux voulurent trouver l'élixir de vie en barattant l'océan de lait, grâce au serpent cosmique qu'ils enroulèrent autour du mont Meru qui servit de baratton. L'élixir sortit alors de l'océan, après de nombreux trésors. Dans la version javanaise, l'élixir s'écoule de la montagne, le mont Meru, qui a été ramenée à Java par les dieux et le serpent cosmique. On sait qu'en Indonésie, la mer est le lieu où habitent les démons.
Ce texte s'illustre sur le "temple aux nagas" du Candi Panataran.
Le Garudadeya : Il raconte l'histoire de Vanita, mère d'un fils, Garuda, et de sa sœur Kadru, mère de cent serpents. A la suite d'un pari où Kadru a triché, Vanita devient son esclave. Garuda finira par délivrer sa mère grâce à l'élixir qu'il a volé. On retrouve cette histoire sur le Candi Kidal, en trois panneaux, et sur le Candi Sukuh. Dans ce temple, on voit aussi Garuda tenant dans ses serres un éléphant et une tortue, qu'il dévore. Mais c'était en fait deux frères qui s'étaient mutuellement jeté un sort, et qu'en dévorant, Garuda libère de la malédiction.
Le Sudamala : Ce texte raconte comment Uma, parèdre de Shiva, maudite par celui-ci, est condamnée à devenir la déesse démoniaque Durga, et à vivre dans un cimetière. Elle sera délivrée par Sadeva, un des jumeaux Pandava, et retrouve sa forme d'Uma. Cette histoire se retrouve sur le Candi Sukuh et sur le Candi Tigowangi.
Le Parthayajna : Yudhisthira, aîné des cinq frères Pandava, ayant perdu son royaume aux dès, il demande à Arjuna d'aller méditer sur la montagne Indrakila pour apaiser les dieux. Cet épisode illustre le Candi Jago.
L'Arjunavivaha : C'est la geste d'Arjuna, le preux chevalier Pandava. Le monde est menacé par un démon, Nivatakavaca, qui ne peut être tué que par un mortel. A la recherche de celui qui pourrait être à la hauteur de la tâche, ils repèrent Arjuna, mais doivent d'abord le soumettre à certaines épreuves. Les dieux lui envoient sept nymphes pour le séduire, mais Arjuna en pleine concentration, ne bronche pas. C'est cet épisode qui est souvent représenté. On le trouve sur le Candi Surowono, et sur le Candi Jago à la suite du Parthayajna.
Le Kunjarakarna : Il s'agit là d'une histoire bouddhique. Un démon, Kunjarakarna, qui veut se débarrasser de son apparence démoniaque souhaite recevoir l'enseignement de Vairochana sur la sagesse suprême. Il devra d'abord visiter les enfers où il sera témoin de toutes sortes de tortures infernales, notamment celle où l'on est cuit dans une marmite en forme de vache. Plus loin, il verra une marmite identique, vide, en attente de son ami, Purnavijaya, roi des Gandharvas. Il prévient son ami du sort qui l'attend, mais lui dit qu'il peut atténuer sa peine s'il consent à recevoir l'enseignement de Vairocana. On a bien là la parfaite illustration du bouddhisme mahayanique. Elle s'étale le long de la terrasse inférieure du Candi Jago.
Sri Tanjung : Voici une histoire locale souvent représentée. Le roi d'un pays tombe amoureux de Sri Tanjung. Il envoie alors le fiancé de celle-ci en mission périlleuse au paradis pensant qu'il ne reviendra pas. Mais il revient, et se croyant trompé, il tue Sri Tanjung, qui part donc au Paradis à son tour, mais qui reviendra, sauvée par Durga, qui réunit le couple. Une scène montrant une femme chevauchant un gros poisson- Sri Tanjung traversant la rivière au pays des morts- se trouve illustrée sur la grande terrasse du Candi Panataran, ainsi que sur les Candi Jabung, Bajang Ratu, et Surowono.
Les histoires de Tantri : Elles sont tirées du Tantri Kamandaka, version javanaise du Pancatantra indien qui tire lui-même beaucoup de ses récits des Jataka bouddhiques. La trame fait penser aux "Mille et une nuits" et à Shéhérazade, originaire de l'Inde, comme chacun sait. Un roi, pour garder ses sujets heureux, décide de se marier en grande pompe tous les jours. Mais bientôt, n'ayant plus de fille disponible à fournir au roi, son Premier ministre lui amène sa propre fille. Celle-ci se met alors à lui raconter des histoires qui passionnent tant le roi, qu'il ne pensa plus à se remarier. Ces histoires qui illustrent de nombreux temples, sont des contes animaliers à tiroirs à connotations politiques, qui pouvaient être comprises par les rois comme des miroirs. On les trouve sur les Candi Jago, Surowono, et les édifices du Candi Panataran, ainsi que sur les murs des bains extérieurs de ce temple.