La région du mont Gunung Kidul, à quelques dizaines de Kilomètres seulement à l'est de Yogyakarta, porte les traces de présence humaine datant de près de 10 000 ans. On y trouve de nombreux sites archéologiques relatant cette présence, ainsi que les restes de quelques Candi aujourd'hui disparus.
Situé dans le
hameau du même nom, près du village de Pacarejo, au sud de Wonosari, on peut
voir disséminés autour d'un grand arbre, dans un sous-bois près de quelques
maisons, de très nombreuses pierres provenant d'un sanctuaire, ainsi que plusieurs
morceaux de petites statues.
Ce site se trouve
à l'est de Wonosari près du village du même nom dans le hameau de Banteng, dénommé
ainsi à cause de la sculpture d'une vache (banteng) accroupie qui trône dans
ce très jolie hameau, cerné par les champs cultivés, des rizières, et longée
par une large rivière. Là, sur la colline dominant le cours d'eau, et en contre-bas
d'une maison, on peut voir de nombreuses pierres provenant indiscutablement
d'un Candi.
Le Situs Ganang se trouve dans le hameau du même nom près du village de Ngawis à l'ouest de Karangmojo. Un panneau indique la route à suivre.
La route s'achève
finalement en cul-de-sac au pied d'une petite butte. Au sommet de la butte,
masqué par des murs, se trouve un cimetière musulman, et aussi une yoni
à l'abandon,que l'on atteind grace à une envolée de marches.
De
l'autre coté de la route après les champs cultivés, et sur une
faible colline parsemées de quelques maisons de paysans, on peut
voir un grand nombre de pierres, seuls restes de sanctuaires, et
servant maintenant de murets de soutènement aux terrasses
cultivées.
Si vous allez un jour jusque là, vous serez étonné par l'acceuil très chalereux de ces paysans pauvres. Ils vous offriront le couvert et même le gite si nécessaire.
Le sous-sol des champs contient, parait-il, de nombreuses statues enfouies. Mais les paysans m'ont dit qu'il leur était interdit de fouiller le sol afin d'en extraire ces reliques d'un autre temps.
Ce site se trouve dans le village du même nom, près de la route ralliant Karangmojo à Senin.
Là
aussi, et bizarrement, les restes d'un Candi, en
particulier une yoni ainsi que quelques
morceaux de petites statues, se trouvent dans un cimetière.
A proximité du site de Ganang, sur un plateau au décor assez surréaliste composé d'énormes blocs de pierre volcanique, aux formes patatoïdes poussant - si on peut dire - dans les champs et les plantations des paysans, se trouvent deux musées archéologiques en plein air, le Situs Sokoliman et le Situs Gondang (des panneaux de signalisation indiquent la route à suivre pour parvenir à chacun de ces sites distant d'environ 500 m à vol d'oiseau, mais 2 km par la route.
Là, dans un terrain bien arrangé, on peut voir, parfaitement alignés et couchés sur un sol de petites pierres, un très grand nombre de cylindres de pierre ainsi que des fines dalles également en pierres.
Aucune indication n'étant fournie, on se demande évidemment ce dont il s'agit. A-t-on à faire à des menhirs et des dolmens, ou bien à des lingga ? Pourquoi y en a-t-il autant? Il est clair cependant que ces objets sont extraits et faconnés à partir des énormes rochers qui "poussent" tout autour. C'est pourquoi, sur le moment, et en considérant le nombre de ces piliers, près d'une centaine par site, j'ai d'abord pensé à une "fabrique".
Ces cylindres de pierres mesurent à peu près tous de 25 cm à 40 cm de diamètre pour des longueurs variables, certains étant cassés, pouvant dépasser un mètre et même atteindre 1,50 m. Certains semblent retravaillés. L'ensemble laisse quelque peu circonspect car ils ne ressemblent ni à des menhirs, qui sont en généran des blocs de pierres renflés comme un oeuf, et fichés en terre, debout, ce qui n'est pas le cas ici, ni à des lingga, car le lingga présente une base carré et une extrémité octogonale ce qui n'est jamais le cas ici.
Quand aux dalles, des plaques assez fines d'environ 0,60 à 0,80 m de large pour 1,20 à 1,50 m de long, certaines sont encore enfouies à fleur de terre et d'autres sont debout emboitées les unes dans les autres dans des rainures et forment un coffrage. De plus, afin de renforcer la stabilité du coffrage et d'empécher sa dislocation, ces plaques sont maintenues debout grace à de gros piquets en pierres, placés de part et d'autre de la plaque.
Tels que ces sites se présentent, il est bien difficile de dire à quoi ces pierres étaient destinées car, comme je l'ai déja dit, ces cylindres ne ressemblent ni à des menhirs ni à des lingga.
J'ai peut-être trouvé une possibilité de réponse à cette question, après mon retour de voyage, en octobre 2003, en feuilletant un livre trouvé à Pasar senen à Jakarta : Album of mégalithic tradition in Indonesia. Une photographie, p. 125, prise à Rindi, île de Sumba, nous montre une grande pierre plate supportée par de gros piliers. Sous cette dalle et entre les piliers, posés sur le sol, se trouve un sarcophage de pierre (ce type de sarcophage est appelé "ciste" en français et "stone cist" en anglais), composé de quatre dalles verticales disposées en rectangle , et couvertes par une dalle un peu plus grande. Dans le cas présent, l'ouvrage est monumental, puisque les pieds de la grande dalle mesurent 2,15 m et les dalles sont par ailleurs très épaisses, mais on peut avoir le même type d'ouvrage avec des dalles beaucoup plus fines.
Si les deux sites (et il y en a peut-être d'autres) de la région de Wonosari, ont la même fonction, alors Situs Sokoliman et Situs Gondang seraient des nécropoles qui dateraient probablement des premiers siècles de notre ère.