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Mahabalipuram
ou Mamallapuram (12°37'02" N; 80°11'39" E) est un petit
village de 2.000 habitants, situé à 60 km au sud de Chennai
(anciennement Madras) sur la côte de Coromandel au bord de l'océan
indien.
Sa
situation exceptionnelle, remarquablement desservie par la proximité
de l'aéroport de Chennai (50 km), et les nombreux témoignages
de son riche et unique passé, en ont fait depuis longtemps le lieu
de passage obligatoire de tous les circuits touristiques de l'Inde du
sud et le point de chute de nombreux voyageurs au budget serré.
Mahabalipuram est, en effet, un lieu unique au monde. Il a d'ailleurs
été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco.
Histoire
Il
semble qu'il y a deux mille ans déjà, le site était
réputé en tant que port, ainsi que le prouve sa mention
dans "le Périple dans la mer Erythrée", uvre
d'un navigateur grec inconnu au Ier s. de notre ère, et Ptolémée
dans sa "Géographie" au IIe s. Les nombreuses pièces
de monnaies romaines, trouvées dans les environs de Mahabalipuram
et de Pondichéry - 60 km plus au sud -, indiquent l'ancienneté
du commerce de cette région avec la méditerranée.
Mais, c'est surtout le voyageur chinois Hien Tsang qui visita ce port
au VIIe s. et le présente, par erreur, sous le nom de Kanchi, le
port des rois Pallava, alors que Kanchi (aujourd'hui Kanchipuram ), la
capitale des Pallava se trouve à 60 km à l'intérieur
des terres.
Il
s'agissait bien évidemment de Mamallapuram - telle quelle est désignée
dans une chronique Chola du Xe s, la ville de Mamalla, un titre du roi
Pallava Narasimhavarman Ier, qui au VIIe s. développa le site portuaire,
et qui est de plus, à l'origine de la plupart des grottes excavées
et des fresques du site.
La vérité oblige néanmoins à dire qu'il n'est
pas certain que Mahabalipuram ait vraiment été le port des
Pallava car si le site a incontestablement été un grand
centre religieux, tous les édifices encore présent le montrent
bien, sans parler de la légende des " Seven Pagodas ",
aucune trace d'une quelconque installation portuaire n'a pu être
exhumée sur place ou dans les environs immédiats.
Les
Pallavas de Kanchi
Cette
dynastie hindoue régna dans le sud de l'Inde de la fin du IIIe
s. jusqu'à la fin du IXe s. Profitant de la chute des Andhra et
des Pandyas, elle domina la région de 550 à 750 environ
avant de finalement s'éclipser face aux Chola au cours du IXe s.
Au faite de leur puissance, les souverains Pallava encouragèrent
la littérature et les arts, faisant venir à leur cour les
plus grands artistes, poètes, philosophes et musiciens du moment
laissant une empreinte indélébile dans l'histoire culturelle
de l'Inde. Poussée par les rois Mahendravarman (600-v. 630), Narasimhavarman
Ier (Simhavishnu, Mahamalla v. 630- 670) et Narasimhavarman II (Rajasimha
(690- 715), qui imposeront chacun leur style, l'architecture et la sculpture
prirent un essor extraordinaire qui donnera naissance sous les Chola à
l'art dravidien caractéristique de l'Inde du sud et aux grands
temples villes comme à Srirangam et à Madurai.
Architecture
et sculpture
Le
style Mahendra se trouve essentiellement dans les premiers temples creusés
dans le rocher. Ce sont des sanctuaires à 3 cellules avec un porche
de façade et des piliers massifs divisés en trois parties;
une section quadrangulaire pour les parties hautes et basses et une partie
octogonale au centre des piliers. La décoration la plus caractéristique
est représentée par les fenêtres ovales ou kudu avec
une tête humaine qui émerge de chacune.
L'attention
est aussi attirée par les deux imposants gardiens ou dvarapalas
qui encadrent l'entrée du sanctuaire. Ils sont pourvus d'une seule
paire de bras et non pas l'air agressifs, mais s'appuient néanmoins
sur un énorme gourdin. Leurs têtes sont souvent ornées
de deux cornes qui n'ont cessé d'intriguer les chercheurs ; cornes
de taureau (la monture de Shiva) ou le trident, l'arme symbole de la même
divinité. Un bon exemple du style de l'époque de Mahendravarman
se trouve dans la colline de Tirukkalukkunram à 17 km de Mahabalipuram.
De superbes dvarapalas sont encore visibles à Vallam, près
de Chengleput (Chengalpattu).
Le
style Mamalla se caractérise par des piliers beaucoup plus fins,
ornés, et reposant sur des lions accroupis. Le pavillon a la forme
d'une hutte en chaume. La niche est couronnée d'un torana, un arc
dont les extrémités représentent des makara, un animal
maléfique sorti des mondes souterrains, en fait un crocodile. Le
makara est la monture de la déesse Ganga (le Gange) qui est représentée
à la base des piliers situés de part et d'autre des entrées
des sanctuaires du sud de l'Inde. C'est aussi durant la période
Mamalla qu'ont été édifiés les temples monolithiques
qu'on peut voir à Mahabalipuram.
Le
style Rajasimha se caractérise surtout par les temples construits
en maçonnerie, tel le temple du rivage de Mahabalipuram ou le temple
Kailasanatha de Kanchipuram. Les piliers,très élancés,
reposent maintenant sur des lions bondissants.
La
décoration générale devient exubérante. Au-dessus
du sanctuaire, la tour ou vimana s'élance vers le ciel, et à
l'intérieur, dans la cella, une fresque représentant la
famille de Shiva ou somaskanda (Shiva, son épouse Parvati, et leur
fils Skanda, plus quelques autres personnages dont Brahma, Vishnu et le
taureau Nandi) est appliquée sur le mur du fond, alors qu'au centre
du sanctuaire se trouve un Linga/yoni, les principes masculins et féminins,
symbole de Shiva.
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