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Le
temple du Rivage
Ce
sanctuaire - je devrais dire ces sanctuaires car il y en a trois regroupés
dans le même édifice - est l'image symbole de Mahabalipuram.
Ce "petit" temple, posé au ras des flots, mais protégé
par une terrasse aménagée, est un délice visuel du
lever au coucher du soleil, et je dois dire que j'ai pris la plupart des
mes repas de midi dans un des restaurants sur la plage, juste pour avoir
le temple en face de moi - environ 200 m - et de mon assiette (a mixed
rice à 70 roupies, soit à peine plus d'un euro).
Le complexe du temple du rivage est situé sur une presqu'île
aménagée récemment et entourée d'eau à
marée haute.
Après
avoir pris son ticket d'entrée, on atteint l'édifice par
une longue allée aménagée.
Le
temple du rivage a été construit par le roi Pallava Narasimhavarman
II Rajasimha (695-722).
Un
texte indien de 1803 indique que le monument était à l'origine
au centre d'en ensemble de sept enceintes. Les limites actuelles du temple
proprement dit, sont marquées par des murets de pierre sculptées
de récupération, disparates, surmontés des alignements
de taureaux (Nandi) couchés, signe évident qu'on est en
face d'un sanctuaire shivaïte.
De
là, on se trouve en face d'un monument, doté d'un vimana
ou tour pyramidale, derrière laquelle se trouve une deuxième
tour encore plus grande. En s'avançant dans la cour extérieure,
on se retrouve au pied du premier sanctuaire, devant une cella dont le
mur du fond comporte un bas-relief superbe représentant Somaskanda,
c'est-à-dire la famille de Shiva, thème classique, ici.
De part et d'autre, apparaissent deux gardiens (dvarapala). On pénètre
dans le temple par la droite, mais auparavant, on doit s'arrêter
devant la sculpture, dite du lion de Durga, juste à droite sur
la terrasse.
C'est
une uvre étonnante, où l'on voit la déesse
assise sur une des pattes du lion, son animal monture, lequel porte dans
une niche incrustée dans son poitrail, une autre sculpture de Durga.
Au
pied du lion, une biche ou un cerf sans tête est étendu raide
mort. J'interprète l'image comme un symbole de la domination du
shivaïsme sur le vishnouisme, car Durga, dont la légende remonte
au Ve siècle, a d'abord été "adopté"
par le vishnouisme pour lequel elle a remplacé le culte d'une divinité
des bois, dont le symbole était justement une espèce de
biche avec deux grandes cornes, souvent représentée à
Mahabalipuram.
Mais
au VIIe siècle, le shivaïsme, devenu dominant, y compris chez
les Pallava, va faire de Durga l'épouse de Shiva, et elle trouvera
sa représentation populaire de Durga Mahishasuramardini qui la
montre combatant le démon buffle.
Une
fois passée l'ouverture donnant accès au déambulatoire
intérieur, on se trouve dans un étroit couloir et une fourche.
A
3 m sur la gauche, on est face, côté gauche, à une
cella - sombre - dans laquelle on distingue à peine, au ras du
sol, Vishnu couché sur le serpent Seisha (c'est l'océan
primordial sur lequel Vishnu, allongé, est en pleine gestation
d'une nouvelle création du monde). Cette chambre, qui n'est pas
surmontée d'un toit à étages comme les deux autres,
est très certainement la plus ancienne du temple.
Reprenant
le couloir, on croise divers bas-reliefs très attaqués par
la corrosion saline et, par là même difficilement identifiables.
Tournant
sur la gauche au bout du couloir, on se retrouve devant la deuxième
cella consacrée à Shiva, sous le grand vimana, et dos à
la mer. Un beau linggam ne laisse pas planer le doute sur l'identité
de la divinité consacrée ici.
En
face de la cellule, une ouverture pratiquée dans le mur du déambulatoire
faisait office de porche d'entrée du temple ou gopuram. Cette entrée
était jadis battue par les flots.
Aujourd'hui,
la mer a reculée, le temple est protégé par un rempart
d'énormes blocs rocheux (construit en 1944/45) qui masque la vue
sur la mer.
A
l'extrémité de la nouvelle terrasse, on peut voir un pilier,
reste d'une colonne d'honneur (dhvajastambha) que l'on retrouve devant
tous les temples hindous.
Les
étages des tours ressemblent aux rathas d'Arjuna et de Dharmaraja,
avec des rangées de petits pavillons et des fenêtres en fer
à cheval - kudus -. Des lions, assis, ont été positionnés
principalement dans les angles, alors que se sont des lions bondissants
qui ferment les côtés du corps du temple.
De
nombreux bas-reliefs décorent l'ensemble du temple du rivage. Malheureusement,
les flots, les embruns, le sel, les ont sérieusement abîmés
et, pour avoir une bonne idée de ce que pouvait être le monument
à l'origine, il faut aller voir le temple Kailasanatha à
Kanchipuram.
En entrant dans la cour, vous pourrez également voir, sur deux
alignements de nombreux panneaux en pierre représentant les guerres
glorieuses, menées par les rois Pallava.
Les
rochers sculptés
Au
nord et au sud du complexe du temple du rivage, se trouvent des rochers
sculptés, un gros au nord et deux plus petits au sud.
Le
gros rocher au nord du temple :
Il
se trouve au pied des blocs rocheux et à 15 m du rivage. Il faut
aller le voir au lever du soleil (à 6 heures) pour faire les plus
belles photos.
Il
est dédié à la déesse Durga dont un bas-relief
la représente avec huit bras au fond d'une niche.
L'entrée
est protégée par des gardiennes. Des pilastres, supportés
par des lions, encadrent la niche. A l'autre extrémité,
on voit le lion de la déesse, attaquer le démon buffle.
Les
rochers au sud du temple du rivage :
A
100 m du temple et à 50 m de la mer, se trouvent deux rochers,
côte à côte, qui ressemblent à des lions couchés.
Le rocher, le plus proche du temple du rivage, présente orienté
à l'ouest, une niche avec la déesse à l'intérieur.
Le contour du rocher représente le lion avec la tête en haut,
et les deux pattes avant sur les côtés du rocher, protégeant
en quelque sorte la déesse.
L'autre
rocher contient plusieurs sculptures pas toujours facilement identifiables
tant elles sont effacées. Sur la face ouest, il y a une niche avec
probablement Durga à l'intérieur avec le lion stylisé,
au dessus, et des personnages sous les niches. Sur le panneau de droite,
on reconnaît Ganesh, le dieu à tête d'éléphant,
fils de Shiva, et à côté des danseurs. Au-dessous,
on voit deux personnages. Devant ce bloc rocheux, un autre rocher a la
forme d'un lion couché dont on repère bien la tête.
Derrière, et donc face à l'est et à la mer, il y
a au centre encore une niche avec un personnage, identifié à
Indra, le roi des dieux, car sa monture, l'éléphant Bairavata,
est représentée dessous. A gauche, on voit un beau cheval
galopant, et à droite de l'éléphant, deux personnages
qui peuvent être des adorateurs du dieu.
Les
effets du tsunami de décembre 2004 :
Le
terrible tsunami du 26 décembre 2004 qui a fait 20 000 morts en
Inde, mais, semble-t-il, aucune victime à Mahabalipuram, a enlevé
dans son reflux une épaisseur de sable révélant l'existence
d'un ancien édifice religieux à 20 m des rochers sud. Le
tsunami a dégagé le garbha griha (le saint des saints) ou
sanctuaire central d'un temple du VIIIe siècle, consacré
à Shiva et qui contenait une inscription faisant référence
au roi Mamalla.
On a trouvé plusieurs sculptures en pierres dont une représentant
le roi Narasimhavarman Ier. Ce temple se serait écroulé
car contrairement au temple du rivage, il n'aurait pas été
construit sur une base rocheuse.
D'autre
part, des témoins, qui ont vu la mer se retirer de 200 m juste
avant l'arrivée de la grosse vague, ont affirmé avoir vu
des constructions à 150 m de la plage, relançant ainsi l'histoire
des "Sept Pagodes ou seven Pagodas" (voir plus bas).
Le
bassin de Vishnu :
En
revenant à la station de bus depuis le temple du rivage, on passe,
sur la gauche, devant le très charmant Vishnu tank ou bassin de
Vishnu.
Tout
le long de la voie, de nombreuses échoppes, vous proposent divers
bimbeloteries et autres sculptures en pierre.
Quelques
tavernes au comfort rustique vous invitent à déguster leurs
poissons frillés.
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