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Les
édifices de la colline
La
rue qui passe derrière la station de bus et le grand temple au
cur du village, aboutit, à 200 m, à la colline, et
plus précisément devant l'ensemble sculptural le plus remarquable
de toute l'Inde, une extraordinaire "fresque" sculptée
sur une plaque rocheuse de 27 m de long sur 9 m de hauteur, appelée
la descente du Gange par certains et la pénitence d'Arjuna par
d'autres.
1)
La descente du Gange :
Cette
immense sculpture, éclairée par le soleil levant, nous conte
la légende de la Descente du Gange, que Shiva reçut dans
sa chevelure pour préserver la terre de la destruction sous la
violence du choc. En vérité, cette scène classique
de l'art indien ne nous est pas montrée, ici, mais la scène
bucolique, que l'on a sous les yeux avec la forêt, le fleuve, les
animaux et les ascètes, indique que nous sommes en présence
de Shiva dans sa retraite himalayenne.
Les
sculptures s'étalent sur deux énormes rochers, séparés
par une fissure verticale dans laquelle de l'eau provenant d'un réservoir
s'écoulait très certainement à l'image du Gange qui
s'écoule dans l'Himalaya.
Les figures, très nombreuses, sont ordonnées en registres
et en panneaux, placés à différentes hauteurs et
représentent des animaux sauvages, des dieux, des déesses,
des êtres mi-hommes et mi-animaux comme les Kinnaras ou les Gandharvas,
les musiciens célestes avec les danseuses, les apsaras, mais aussi
des chasseurs, des ermites et des ascètes.
Dans
ce foisonnement, on notera surtout le groupe des éléphants
- il y en a dix - au rendu exceptionnel et sous la défense du grand
éléphant, à droite de la fissure, des souris qui
dansent autour d'un chat, debout dans une attitude de yogi.
En
face, à gauche de la fissure, il y a un petit temple de Vishnu
et, au-dessous, dans une forêt, symbolisée par des animaux
sauvages, fauves, singes ou daims, des ascètes se livrent à
divers exercices pendant que leurs disciples vaquent à des occupations
ménagères, dont un qui essore un vêtement et un autre
qui porte de l'eau, ceci prouvant bien que de l'eau s'écoulait
dans la fissure. Un autre enfin, regarde le soleil à travers ses
doigts.
Dans
la fissure, ont été représentés des nagas
et des naginis, les mains en adoration, génies à buste humain
et corps de serpent, habitants des régions souterraines et associés
au culte des eaux. Parmi eux, le chef des naga, Nagaraja, à la
tête auréolée de chaperons de cobras.
Tous ces personnages sont en fait orientés vers un groupe d'individus,
notamment le dieu Shiva avec quatre mains, dont l'une tient le trident.
Il est escorté de ganas, nains difformes qui sont ses serviteurs.
A côté du dieu, apparaît un rishi, debout sur un seul
pied, dans une posture d'ascète en pénitence.
La partie supérieure du "tableau" représente en
fait la sphère céleste, la partie centrale avec le temple
de Vishnu et les ascètes la sphère terrestre, et la partie
inférieure, avec notamment, les éléphants suggéraient
le monde infernal.
Tout en haut et à droite de la fissure, Mahendravarman, le roi
donateur, en compagnie de trois épouses, contemple son chef-d'uvre.
En
entrant dans le parc, on peut voir à droite de la "fresque",
sur le même rocher un groupe de singes en ronde-bosse comprenant
un mâle en train d'épouiller une femelle qui allaite son
petit.
Et
à l'extrémité de ce rocher, à côté
de six marches d'escaliers, sculptées dans le roc, on peut voir
une sculpture assez mystérieuse ressemblant à un petit toboggan,
appelé Children's slide, la glissoire pour enfants.
2)
Pancha Pandava Mandapa :
C'est
une grande grotte, située dans le prolongement sud de la descente
du Gange.
La
façade est composée de six colonnes dont cinq reposent sur
des lions assis.
Il
y a quatre rangées de colonnes en tout dans ce sanctuaire rupestre
inachevé, sans autres décorations intérieures que
les entailles des tailleurs de pierre sur les murs.
Les
consoles des chapiteaux sont ornées de lions et de griffons montés
par des hommes.
3)
Le mandapa de Krishna :
Il
se trouve un peu plus au sud sur la même route. C'est un hall hypostyle
construit à quatre colonnes sur trois rangées devant un
grand rocher sculpté. Les chapiteaux des piliers, du type boutons
de lotus renversés, indiqueraient une construction plus récente.
Les piliers de la première rangée sont soutenus par des
lions assis, alors que les autres piliers ont, sur des bases cubiques,
des représentations de divinités. Le mur du fond de cette
grotte, une des plus admirables, est constitué d'une seule "fresque"
en ronde-bosse, d'environ 10 m de long qui, de plus, revient sur les deux
côtés. Elle représente Krishna, un des avataras de
Vishnu, qui soulève d'une main le mont Govardhana, transformé
de ce fait en parapluie, pour sauver les bergers, les vachères
(gopi) et leur bétail, du déluge provoqué par la
colère du dieu Indra.
Parmi une multitude de scènes charmantes ou cocasses toutes d'un
naturel confondant, on remarquera surtout ce tableau où l'on voit
un bouvier (peut-être Krishna lui-même) traire une vache qui
lèche son veau. Assise sur une portion du mur droit faisant terrasse,
une vache magnifique contemple ce tableau merveilleux.
4)
Le ratha de Ganesh :
Il
faut maintenant revenir en arrière et entrer dans le parc après
la grande fresque pour atteindre 20 m plus loin, excavé d'un bloc
rocheux isolé, ce très joli temple où un prêtre
assure toujours un office.
C'était
un sanctuaire, dédié à Shiva, mais qui contient maintenant
une statue de Ganesh, le dieu de la chance, à tête d'éléphant,
fils de Shiva. L'édifice est conçu comme un hall s'ouvrant
sur un portique, avec une toiture en carène de navire couronné
par des fleurons en forme de vases.
Les pignons aux extrémités de la toiture sont décorés
d'une tête humaine pourvue d'une coiffure en forme de trident.
Deux piliers aux lions et deux pilastres ornent la façade.
5)
La "boule de beurre" de Krishna :
Poursuivant
le chemin vers le nord, on arrive à 50 m du ratha de Ganesh, au
pied d'un rocher surmonté d'un énorme bloc rocheux quasiment
sphérique, appelé la boule de beurre de Krishna, maintenu
en équilibre dieu seul sait comment, et qui donne l'impression
de vouloir fondre sur votre petite carcasse dès que vous allez
passer en dessous.
100
m plus loin sur le même chemin, trois énormes rochers, appuyés
l'un contre l'autre, suggérant un auvent de plein air, sont appelés
par les villageois, le auvent de Bhima, (le plus fort des cinq Pandava).
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